Le 16 décembre 2023, une dizaine de femmes de notre réseau a eu le privilège de visiter la Bibliothèque Marguerite Durand, à Paris.
Nous avons pu voir la salle de lecture mais aussi le sous-sol d’archives et nous avons consulté des archives lesbiennes et/ou féministes.
Merci encore aux gérantes du lieu!
Nous organisons régulièrement des activités de ce type, contacte-nous si tu es lesbienne et/ou féministe radicale et que tu es intéressée >> resistancelesbienne@gmail.com
Un article de blog écrit pat Gretchen >>
Paris, le 16 décembre un samedi après-midi ensoleillé.
La Collective Résistance Lesbienne se retrouve pour visiter la Bibliothèque Marguerite Durand. Une dizaine de femmes, toutes rassemblées pour et par un même intérêt connaître l’histoire des femmes, du féminisme et des lesbiennes.
Rassemblées devant le grand immeuble aux baies vitrées, nous sommes impatientes de découvrir ce lieu. Située dans la médiathèque Jean Pierre Melville, elle occupe un étage entier et une partie du sous-sol de ce bâtiment situé dans le 13ème arrondissement. Cette structure qui fut nommée selon le nom de sa bienfaitrice, Marguerite Durand, est une véritable mine d’or pour les personnes qui s’intéresseraient à l’histoire des femmes et du féminisme. D’ailleurs elle est aussi connue à l’international puisque des chercheuses, des universitaires et des artistes s’y rendent pour consulter des documents qui témoignent de noes vécues.
Nous passons l’entrée principale et accédons au second étage pour y parvenir. Une fois la groupe à l’intérieur, noues rencontrons les femmes qui s’occupe du précieux endroit, Carole, Michèle, Marie Lou et Brigitte. Les présentations faites, elles noues explique l’organisation du lieu. Le premier est une salle de travail accessible au grand public où l’on sait consulter une partie de la collection d’ouvrages présents dans les rayons de la bibliothèques. Le second, les archives situées dans le niveau inférieur de l’immeuble, est accessible à la demande des chercheurs/chercheuses dans le cadre de leur travaux de recherche. Il est également possible de les visiter sous certaines conditions d’accès. Fort investies dans la conservation de ce lieu et des milliers de documents en tout genre, stockés en sous-sol les deux femmes noues expliquent que la bibliothèque a faillie être dispercée. En 2017, on leur a annoncée que la bibliothèque déménagerait et que les documents archivés seraient déplacés ailleurs, sans plus de précisions et de précautions pour les nombreuses collections.
Et aujourd’hui c’est dans cet endroit précis que nous nous rendons. Après un tour d’ascenceur nous voici dans le sous-sol. Nous prenons place dans la salle des archives et au vue de la fraîcheur de la température ambiante, 19°, nous nous couvrons un peu plus. Cette température est nécessaire pour conserver les différents supports des nombreuses collections, en bon état. À l’entrée même de ce grand espace, précieusement emballé, il y a le bureau de Marguerite Durand ainsi que son buste.
C’est une grande salle dans laquelle plusieurs étagères imposantes occupent la majorité de l’espace. Aussi bien au milieu, à droite à gauche de la large pièce. Les imposantes étagères sont pleines à craquer, ce qui est devenue un problème selon la direction de la bibliothèque. En effet, constituées majoritairement de dons et de récupérations, elles reçoivent plus qu’elles ne savent stocker, et la conséquence c’est la dégradation inévitable de précieux documents. Elle concerne également l’espace disponible de travail, pour la restauration, le tri, le déballage, l’enregistrement et toutes les autres étapes de nombreuses pièces qu’elles achètent aussi parfois.
D’autant qu’elles ne gardent pas uniquement des documents papiers ou des photos. Même si elle sont peu nombreuses, elles possèdent des archives vidéos. Nos échanges se déroulent autour d’une grande table sur laquelle est disposé les documents qu’elle souhaite nous faire découvrir.
Parmi ceux-ci il y a certains exemplaires de journaux féministes, dont la Fronde, créée par Marguerite Durand elle-même. Des revues comme l’Égyptienne. Un exemplaire du traité sur l’égalité des sexes de Poulain qui date du 16ème siècle, des affiches du MLF, des affiches, des manifestes lesbiens, des objets « militants » tel que un guide sous forme de flyer, un éventail, pour le droit de vote par exemple. Nous écoutons attentivement tout ce que cette femme nous explique sur ces objets témoins du passé féminin. Quand elle en parle, elle est animée d’un vif intérêt. Nous manquons tellement d’informations à propos de notre histoire, celle des femmes, que c’est un moment vraiment solonnel. Certaines posent quand même des questions car la curiosité l’emporte toujours.
La suite de la visite se déroule de manière individuelle. Chacune explore les documents stockés dans les rayonnages. C’est un moment extraordinaire, cela donne la sensation de parcourir des centaines d’années dans l’histoirE, ou plutôt de tomber sur plusieurs vieux carnet de notes qu’on avait mis de côté, qui ont été oublié et que l’on retrouve. Cette impression est renforcée par l’épaisseur des étagères et la taille du sous-sol qui en fait une pièce imposante et atténue la résonnance des bruits. On visite différente partie de l’histoire des femmes à travers des livres tels « l’encyclopédie des Théories féministes », « la Femme au temps de la bible », « de l’égalité des sexes et mixité en démocratie » et tellement d’autres à lire et à analyser. Elle y a aussi des revues lesbiennes comme Lesbia, Histoire d’Elles, Entre Femmes. Quelques échanges ont encore lieu avec les femmes qui gèrent cet endroit il est notamment question de trouver un nouveau lieu, plus grand, mieux aménagé. L’une d’elle affirme qu’une structure tel qu’un musée est nécessaire. Une fois la visite terminée, chargée en émotions, nous remercions chaleureusement les deux femmes qui étaient présentes tout le long de cette découverte. Cette place est précieuse car elle regroupe un pan entier de notre histoire. Elle est la preuve que les femmes ont une histoire et qu’en France, elle n’est pas considérée à sa juste valeur. On pourrait aussi affirmer que ce lieu est à l’image de la considération par les pouvoirs publics français à la place des femmes dans notre société: nous sommes bien présentes, mais elle faut se contenter du peu qu’elles nous soient accordées.









