Communiqué: Agressions misogynes et lesbophobes à la Marche du 8 Mars 2022 à Paris

Noues, Lesbiennes Féministes radicales du groupe Résistance Lesbienne, noues sommes
réunies le 8 mars 2022 à Paris afin de revendiquer notre existence et d’affirmer nos idées lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes.
Le matin, noues noues sommes réunies au jardin Monique Wittig, Lesbienne radicale et
membre historique du MLF. Avec notre banderole et des pancartes, noues y avons lu un texte détaillant nos positions (disponible après ce communiqué) puis noues avons chanté l’Hymne des Femmes, La marche des Lesbiennes et des slogans tels que « Lesbiennes, pas queer, on existe ! », « Une Femme non-féminine, n’est pas un homme / Un homme en jupe, n’est pas une Femme », « BDSM, violence sexuelle ! » ou encore « Abolition porno-prostitution ! ».

L’après-midi, noues avons rejoint la manifestation qui débutait à Gare du Nord, de manière autonome et indépendante. Dans un premier temps, noues étions à l’arrière du cortège, puis noues avons avancé pour noues retrouver derrière le groupe de L’Amazone Paris, les Sanguines – Sœurs Rouges et Osez le Féminisme !. Sur notre banderole, noues avions peint sur une face « Qui a effacé Stormé Delarverie ? » pour dénoncer l’invisibilisation de cette Lesbienne racisée, qui a commencé la rébellion de Stonewall à New York en 1969. Sur l’autre face, noues demandions « Qui mutile nos soeurs Lesbiennes ? » en référence aux transitions mutilantes que subissent des Lesbiennes influencées par une culture misogyne et lesbophobe et encouragées par une idéologie queer faisant la promotion de ces transitions.
Alors que la manifestation se déroulait bien pour noues jusque là, les tensions ont commencé quand noues sommes arrivées au niveau de la place de la République. Un groupe d’individus, parmi lesquels Thierry Schaffauser et celle qui sera ensuite notre agresseuse, ainsi que le cortège de Du Pain et des Roses derrière noues ont commencé à crier « sex work is work » et « pas de féminisme sans les putes » – noues avons vu plus tard, sur Twitter, que ces slogans avaient été entamés pour créer des tensions et noues faire partir. Les militantes de L’Amazone et noues avons entamé des slogans abolitionnistes en réponse. Les provocations ont continué, certaines personnes sont venues noues faire des doigts d’honneur et hurler « dégagez putains de Féministes ». Alors que Pauline Makoveitchoux parlait à une Femme de notre groupe, un homme s’est précipité sur elle,
lui a porté un coup et a arraché une pancarte. Noues avons continué la marche sans répondre à ces provocations. Un homme transidentifié, membre du STRASS, a alors commencé à nous suivre en nous hurlant dessus. Là non plus, noues n’avons pas réagi et avons continué à marcher. D’autres membres du STRASS et des membres d’Act Up étaient là et nous insultaient, dont Thierry Schaffauser. Quelques mètres plus loin, un homme portant un drapeau du NPA et un badge de la CGT s’est approché pour regarder les pancartes abolitionnistes de L’Amazone en montrant son désaccord. Elles lui ont d’abord demandé de partir, mais il a continué de s’approcher d’elles. La tension est montée, il s’est servi de son drapeau pour frapper les militantes. Des Femmes de notre groupe sont allées aider les Femmes de L’Amazone qui se prenaient les coups de bâton. C’est alors qu’une Femme du NPA est arrivée brusquement pour aider cet homme, a giflé très violemment une militante de Résistance Lesbienne qui essayait de la tenir à distance, avant de s’en prendre très violemment à Anissia Docaigne-Makhroff, une militante de L’Amazone. La Femme du NPA lui tirait les cheveux à tel point qu’Anissia avait la tête complètement en arrière et ne pouvait plus bouger. Elle a également essayé de mordre le visage d’Anissia. Elle a ensuite été écartée et est partie donner des coups de poing dans un abribus. Les tensions ont encore continué, un homme d’Act Up venant par exemple noues insulter à son tour, répétant qu’il est homosexuel et « non-binaire », donc lui aussi opprimé. Suite à cette agression, noues avons pris la décision de noues mettre en sécurité et de quitter la manifestation.

Noues dénonçons la violence des militants transactivistes et pro-prostitution qui n’hésitent pas, au prétexte qu’ils ne sont pas d’accord avec nos idées, à intimider et à frapper des Femmes, militantes Féministes, dans une manifestation pour le 8 mars. Aucun désaccord idéologique ne saurait justifier cette violence. Ça n’est pas du Féminisme, mais bien de la haine misogyne et lesbophobe !

Leur stratégie misogyne s’est ensuite poursuivie sur les réseaux sociaux, où noues avons assisté à des inversions honteuses selon lesquelles noues serions celles qui ont commencé à provoquer, à insulter, à agresser. Il parait aussi que noues avons « cherché » la violence pour pouvoir noues « victimiser » par la suite. Noues ne connaissons que trop bien cette rhétorique misogyne qui est souvent renvoyée aux Femmes victimes de violences masculines par leurs agresseurs. Noues n’avons agressé personne et noues sommes pleinement légitimes à être présentes à cette manifestation, pour défendre nos droits en tant que Lesbiennes ainsi que ceux de toutes les Femmes. Il faut en finir avec cette rhétorique qui culpabilise les victimes. Non, personne de Résistance Lesbienne ni de L’Amazone n’a « cherché » à se faire frapper ce 8 mars.
Noues dénonçons les soutiens exprimés à notre agresseuse par le NPA, Du Pain et des Roses ou encore Act Up.

Noues remercions les associations Féministes, les Lesbiennes et les Femmes qui noues ont témoigné leur soutien. Malgré les intimidations et les violences, noues sommes là et noues ne noues tairons pas. La militante de Résistance Lesbienne qui a été agressée a déposé plainte.



RÉSISTANCE LESBIENNE au jardin Monique Wittig, Paris • le mardi 8 mars 2022

    Noues, Lesbiennes Féministes radicales du groupe Résistance Lesbienne, noues sommes réunies aujourd’hui afin d’affirmer notre présence en cette journée du 8 mars. En effet, en tant que Féministes, noues devions être là lors de cette journée internationale de lutte pour les droits des Femmes. Noues voulions également rappeler le rôle déterminant qu’ont eu les Lesbiennes dans les luttes Féministes. C’est pourquoi noues noues sommes réunies dans ce square qui porte le nom de Monique Wittig, Lesbienne radicale et membre du MLF, qui a joué un rôle important dans l’histoire de ce mouvement ainsi que dans l’élaboration du Lesbianisme radical. Noues souhaitons lui rendre femmage. À Paris et partout en France, rares sont les lieux qui portent le nom de Lesbiennes. C’est un exemple de l’invisibilisation constante de nos existences et de nos contributions à la société.

    En tant que Lesbiennes, noues subissons de la misogynie et de la lesbophobie. Noues ne parlons pas d’homophobie mais bien de lesbophobie car noues considérons que nos oppressions doivent être nommées et caractérisées. Connaître ses oppressions est la première étape du combat Féministe. Aujourd’hui, noues témoignons de cette lesbophobie. Noues devons faire entendre nos voix, nos parcours, noues devons noues indigner mais noues devons aussi montrer que noues sommes fières d’être Lesbiennes, afin de permettre à d’autres Femmes de découvrir elles aussi leur Lesbianisme et de le vivre pleinement. Femmes, n’ayons pas peur de vivre sans hommes! Femmes, n’ayons pas peur de nos désirs pour les Femmes! Rejoignons nos sœurs, priorisons les Femmes de notre entourage! Refusons d’être reléguées au second plan! Ne soyons pas belles, soyons puissantes, soyons bruyantes!

    En ce 8 mars, noues avons apporté des pancartes qui concernent toutes les Femmes, lesbiennes, bi et hétéras car cette journée noues concerne toutes.

    Noues noues positionnons contre le système porno-prostitutionnel et pédocriminel, les religions, idéologies patriarcales et le système politique créés par les hommes. Noues en appelons à toutes les Femmes et associations Féministes, face aux organisations proxénètes qui veulent dépénaliser les clients et les proxénètes, militons pour l’abolition de la prostitution! Noues refusons de vivre dans un monde où le corps des Femmes serait une marchandise, où noues violer pourrait être tarifé. Seul le désir mutuel doit mener à une relation sexuelle. Pas des transactions financières! Noues ne sommes ni des marchandises, ni des objets sexuels!

    Noues noues positionnons contre les pratiques «BDSM» érotisant le viol et la domination masculine. Les violences sexuelles ne sont pas des pratiques sexuelles, c’est de la haine! Le BDSM se nourrit des traumatismes liés à la culture du viol et les entretient en les glamourisant. À ceux qui répondraient que chacun/chacune est libre de ses choix, noues répondons: Le choix n’enlève rien au caractère misogyne d’une oppression! Le «choix» ne fait pas disparaître la violence. Trop de sœurs ont payé de leurs vies, assez!

    Noues sommes anticapitalistes. Noues méprisons le système de l’argent et le libéralisme marchand qui place la production au-delà de la dignité et de la vie des Femmes. Ce système n’est ni juste, ni viable. Les Femmes, et d’autant plus les Femmes racisées, sont les premières impactées par la précarité engendrée par ce système. Noues refusons de vivre dans un monde gouverné par les banques! Noues refusons d’être les pions des lobbys et des entreprises!

    Noues sommes antiracistes. Noues soutenons les luttes des Féministes décoloniales et de toutes les Femmes racisées. Noues dénonçons le communautarisme des hommes blancs et bourgeois au pouvoir. Noues dénonçons l’islamophobie qui règne en France, déguisée en «universalisme républicain». Noues considérons que le voile n’est pas «le» symbole de l’oppression des Femmes. Il est une des formes que prennent les injonctions à la féminité. De ce fait, si noues reconnaissons son caractère misogyne, noues noues opposons fermement aux lois visant à exclure les Femmes voilées de l’espace public ou des compétitions sportives. Ces lois ne sont que le fruit d’un racisme colonial allié à la misogynie. Noues pensons qu’il y a aussi d’autres pratiques à combattre telles que la chirurgie esthétique, le maquillage, les talons ou encore la lingerie, pratiques qui sont trop souvent banalisées et vendues comme des «choix individuels» alors qu’elles relèvent de la même logique oppressive.

    Noues voulons inspirer la création de réseaux et de communautés Lesbiennes autonomes qui ne dépendent pas de la validation des hommes. Noues aspirons à des existences libres de la violence des hommes, pour noues, pour toutes les Lesbiennes et pour toutes les Femmes. Retrouvons-noues entre Lesbiennes pour lutter contre la lesbophobie! Connectons-noues, parlons-noues, soyons visibles les unes aux autres! Apprenons à noues aimer et à noues épanouir loin des diktats patriarcaux! Luttons contre l’hétérosexualité obligatoire que subissent les Femmes! Pourquoi le couple hétérosexuel, lieu de tant de viols et de féminicides, de l’exploitation domestique des Femmes, devrait-il être la «norme»? Noues promouvons une visibilité Lesbienne sans compromis et rejetons toute fétichisation de notre sexualité.

    Aussi, face aux nouvelles formes de lesbophobie qui émergent depuis quelques années, noues ne cesserons de répéter que les Lesbiennes n’aiment pas les pénis et que personne ne naît dans le «mauvais corps». Le genre est une hiérarchie socialement construite et imposée aux individus sur la base du sexe. Le genre n’est ni génétique, ni un sentiment, ni quelque chose de «fun», c’est la manière dont les hommes oppriment les Femmes: en noues imposant des rôles sociaux aliénants et dégradants. Le genre, c’est la masculinité et la féminité, pas le fait physique d’être un homme ou une Femme! Le genre est une oppression qu’il faut abolir! 

    En ce 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des Femmes, noues voulons chanter, afin de faire perdurer des chants historiques dans le mouvement Féministe, et de célébrer notre force à toutes, de faire porter nos voix de Femmes Lesbiennes dans l’espace public, de les faire résonner, et d’être, pour un instant au moins, enfin rendues visibles.

    Ayons une pensée pour toutes les Femmes qui passent leur vie à nier leur Lesbianisme et pour toutes les Lesbiennes! Soyons fortes, soyons fières, soyons bruyantes!

Au début de la marche
Le matin du 8 mars au Jardin Monique Wittig. Sur nos pancartes, les slogans suivants:
« Mes amours Lesbiennes, pas tes fantasmes »
« Conscience féministe, émotion lesbienne »
« Les Lesbiennes n’aiment pas les pénis »
« Lesbiennes contre les persécutions des femmes musulmanes »
« Respirez bien, respirez lesbien »
« BDSM: l’érotisation de la violence est une arme patriarcale »
« Proud Dykes against patriarchy »
« Lesbiennes contre la GPA. Les femmes ne sont pas à louer »
« Sororité aux Lesbiennes en Ukraine »

Autres pancartes que noues avions:
« Sororité aux Lesbiennes détrans »
« Sororité aux Lesbiennes russes contre Poutine »
« Résistance Lesbienne contre l’impérialisme occidental »

Un avis sur « Communiqué: Agressions misogynes et lesbophobes à la Marche du 8 Mars 2022 à Paris »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :