Une grande mercie à Lise Faucher pour sa traduction de cet article initialement publié ici
Par Integrity Bites.
Depuis longtemps je voulais écrire sur la façon dont les stratégies de certains activistes du mouvement trans m’ont re-traumatisée, en tant que survivante d’abus sexuels dans l’enfance. Je voulais expliquer comment ces tactiques font écho aux abus émotionnels que m’ont fait subir les hommes qui me violaient et abusaient de moi, mais cela m’a toujours trop bouleversée de me forcer à m’asseoir et à y penser sérieusement.
Mais désormais, après les commentaires fait par le PDG du centre l’Edinburgh Rape Crisis, rester silencieuse ne m’est plus une option supportable.
Mridul Wadhwa a déclaré que les femmes qui veulent des lieux et services en non mixité de sexe sont des « personnes fanatiques » qui devraient « s’attendre à être confrontées sur vos préjugés » si elles cherchent de l’aide au centre Edinburgh Rape Crisis.
C’est une des nombreuses façons par lesquelles les activistes extrémistes du mouvement trans re-traumatisent beaucoup de femmes qui ont été victimes d’abus sexuels dans l’enfance, d’agressions sexuelles et de violences domestiques: en nous disant que nous sommes mauvaises et dans le tort, et en nous pointant du doigt comme complices de ce que les personnes mâles veulent. Beaucoup de femmes seront maintenant dans la peur de soutenir ouvertement les endroits non mixtes pour femmes dont elles ont besoin, par peur d’être stigmatisées et pointées du doigt comme bigotes, exactement comme tellement de survivantes d’abus sexuels ont peur de parler de ce qu’elles subissent car nous avons été conditionnées à croire que nous sommes les sales, les méchantes de l’histoire, dans le tort.
En effet, beaucoup de victimes d’abus sexuels dans l’enfance sont construites à ressentir que *nous* sommes les coupables, pas les victimes. Et c’est exactement ce que ces méthodes nous font ressentir, qu’on nous dise que nous sommes fanatiques et que nous aurions besoin de rééducation pour avoir besoin d’endroits non mixtes de sexe.
Les agresseurs donnent aussi aux victimes d’abus sexuels et de violences domestiques l’impression que nous n’avons pas de plaintes valables ; ils se moquent, minimisent et nient notre détresse et nos expériences d’abus. Le déni de la peur féminine légitime des personnes mâles et de leurs corps après le viol est du « gaslighting » ( de la manipulation toxique) digne d’agresseurs.
Le but des agresseurs et de certains activistes des droits des trans est le même : de discréditer et de silencier les femmes, pour que nous ne restions pas dans leur chemin.
La bigoterie est un rejet irrationnel, une haine ou une peur issue d’un groupe de caractéristiques. Il n’y a rien d’irrationnel au sujet de la peur des femmes face à la violence masculine, en particulier quand nous avons été victimes de cette violence. Nous savons tous que l’écrasante majorité des abus sexuels et des violences faîtes aux femmes et filles est perpétrée par des hommes et oui, bien que ce ne soit pas la plupart des hommes, c’est honteusement une bonne partie d’entre eux. Plus d’une femme sur cinq de plus de 16 ans en Angleterre et au pays de Galles a été agressée sexuellement. Six pour chaque centaine ont été violées ou ont subit une agression avec pénétration. Et bien sûr, à part les quelques rares hommes que l’on connait assez bien pour s’y fier, on ne sait tout simplement pas quels hommes sont dangereux. C’est compréhensible d’être dans la peur face à eux tous, à moins que et jusqu’à ce qu’ils prouvent eux mêmes qu’ils ont l’air dignes de confiance.
Ma réponse traumatique aux hommes est instinctive et incontrôlable, tout comme un vétéran qui réagit comme s’il était dans un incendie quand une voiture pétarade. Je réponds par une peur instinctive aux choses qui me rappellent avoir été violée et torturée enfant par des hommes à qui j’aurais dû pouvoir faire confiance.
Ma vie est une évaluation permanente des risques, des dangers causés par les hommes ; l’hypervigilance qui vient du trauma signifie que mon cerveau, comme celui de tant d’autres survivantes, va instinctivement passer en mode-danger si un homme vient près de moi de manière dérangeante, me regarde de bas en haut, me harcèle dans la rue, s’assoit à côté de moi dans un train, commence à me parler à un arrêt de bus. Si ces choses arrivent dans un lieu isolé ou retiré, je ressens de la terreur. J’anticipe aussi les dangers venant d’hommes – par exemple, j’avais l’habitude de garder un couteau à portée de main si un commerçant venait à la maison lorsque j’étais seule.
Alors j’imagine comment je me serais sentie après avoir été violée, en allant faire un examen interne quelque part où un mâle pourrait m’examiner, contre mon souhait, et où je saurais que je serais étiquetée comme bigote si je m’en plaint– honnêtement je pense que ça me donnerait envie de mourir.
Les victimes de trauma ont besoin de se sentir en sécurité avant de pouvoir guérir. Au moment où les victimes de viol sont en plein traumatisme, un environnement sécurisé peut faire la différence entre la guérison – une guérison longue et difficile, mais une guérison tout de même – et pas de guérison du tout. Du fait d’avoir été violée par un homme, ou plusieurs hommes, beaucoup de victimes de viol vont être re-traumatisées par la présence d’autres hommes qu’elles ne connaissent pas, peut importe si ces hommes conduisent un examen interne ou tentent de fournir un soutien immédiat à la suite d’une agression.
Ça ne fait aucune différence si ces personnes mâles s’identifient elles- mêmes comme femmes. Ce sont des mâles ( dont la vaste majorité n’ont pas eu de chirurgie), et nos cerveaux les classent comme tels, avec tous les dangers qui y sont associés. Les statistiques montrent d’ailleurs que les mâles s’identifiants comme femmes ont bien intériorisés des schémas de socialisation masculins, bien que le cerveau traumatisé réponde à l’expérience avec les personnes mâles, pas aux statistiques.
Humilier les victimes de viol qui veulent des centres d’aide et d’autres services réservés aux femmes biologiques, les appeler bigotes qui devraient être ré-éduquées, est violent et abusif. Et ceux dans les secteurs de lutte contre la violence sexuelle et domestique qui ne le dénoncent pas sont complices dans la re- manipulation abusive des femmes qu’ils sont sensés aider.
Mercie pour noues toutes!
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A reblogué ceci sur Mélissa Parmentier.
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